Réinventer la transmission entre générations au lycée à l’heur(e) de l’anthropocène ?
Résumé
Notre contribution à ce colloque sur la recherche en éducation dans le contexte de l’Anthropocène
s’appuie sur notre expérience de chercheur dans le cadre d’une thèse sur l’éducation en Anthropocène
au lycée. Cet évènement majeur qui inquiète aujourd’hui la jeune génération interroge fortement la
culture qui s’y transmet dans la mesure où elle a participé à son émergence. La forme scolaire, héritée de
l’industrialisation massive au XIXe siècle, sature tant l’espace-temps des pratiques au lycée qu’il semble
difficile d’y inventer d’autres pratiques. Le projet prométhéen d’un humain maître et possesseur de la
nature dont la rationalité le sortirait de sa condition animale se heurte aujourd’hui aux limites d’une Terre
qu’il a ignoré. Après l’heure de la démesure humaine, l’heur de l’Anthropocène pourrait-elle être une
chance d’accepter notre sort de terrien mortel habitant une Terre limitée comme nous pouvons l’être
aussi ? C’est peut-être déjà ce que nous montre les « secondes carrières », des personnes qui ont quitté
une première expérience professionnelle en dehors de l’Éducation Nationale pour devenir enseignant.
Ce changement vers un métier souvent considéré comme porteur de plus de sens peut être compris par
une prise de conscience du temps qu’il reste à vivre. Ce mouvement qui prend de l’ampleur bouscule la
formation à ce métier encore conçu selon le modèle de la formation initiale et peut ouvrir les pratiques au
lycée à la formation tout au long de la vie plus proche des temporalités de terriens habitant un monde
en transformation. Cette ouverture peut s’accompagner d’un autre cadre que celui de la distinction
Nature/Culture qui amis l’humain hors d’un monde qu’il a rêvé pouvoir maîtriser. Cet autre cadre est
celui de l’autonomie du vivant et de la théorie de l’énaction de Varela qui redonne à l’expérience des
corps vivants parce que mortels une place qu’elle avait perdue. Cet autre anthropos est compris comme
entrelacs de soi/non-sens, entrelacs de formes régionales de soi allant du biologique aux collectifs en
passant par le langage. Il permet de comprendre autrement les machines entendues au sens large de ce
que produisent collectivement et artificiellement les terriens pour vivre, des entrelacs terriens/machines,
en ne les réduisant pas à une dimension purement rationnelle. Cette autre approche permet de prendre
en compte leurs dimensions organiques et imaginaires. Notre cheminement de chercheur pour explorer
ces autres dimensions des machines scolaires a transformé en retour notre expérience d’enseignant et de
formateur d’enseignants. C’est à partir de ces expériences de praticien/chercheur qui se transforment
avec les terrains de vie d’ingénieurs devenus enseignants que nous explorons des voies qui ouvrirait à une
réinvention de la transmission entre générations au lycée à l’heur(e) de l’Anthropocène.
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Réinventer la transmission entre générations au lycée à l’heur(e) de l’Anthropocène - Olivier Gaudin.pdf ( 16.14 Mo
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