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Communication dans un congrès Année : 2022

Metrica lege compositos et litteris aureis scriptos : autour des poèmes rédigés par Raban Maur pour les églises de Fulda

Résumé

À l’instar de son maître Alcuin, Raban Maur, moine, écolâtre puis abbé de Fulda, a rédigé près d’une centaine de poèmes épigraphiques pour des édifices religieux, en plus d’une vingtaine d’épitaphes. Parmi ces tituli, trente d’entre eux concernent des églises appartenant à la communauté monastique de Fulda : l’abbatiale Saint-Sauveur/Saint-Boniface, l’église funéraire Saint-Michel et plusieurs autres bâtiments édifiés sous son abbatiat ou celui de ses prédécesseurs, à savoir Sturm (disciple de Boniface et fondateur du monastère), puis Baugulf, Ratgar et Eigil.
Or, l’activité constructrice des différents abbés, qui a fait l’objet d’éloges dans leurs Vitae (/i>Vie de Sturm par Eigil, Vies d’Eigil et de Baugulf par Candide, Vie anonyme de Ratgaire, Vie de Raban par Raoul), a également été au cœur de la crise qui secoua la communauté dans les deux premières décennies du Ixe siècle, lors du remplacement des traditions bonifaciennes par la règle bénédictine. C’est ainsi qu’une partie des religieux reprocha à Ratgaire, pourtant qualifié de sapiens architectus par le Catalogue des abbés de Fulda, sa démesure en matière architecturale, thème présent dans le Supplex libellus envoyé à l’empereur comme dans le premier livre (en prose) de la Vie d’Eigil.
Pourtant, à Fulda, les descriptions hagiographiques, élogieuses, des travaux de construction attribuables à chaque abbé ne manquent pas et, à travers ces textes, on voit les édifices se transformer au fil de l’accroissement de la communauté, des changements d’observance religieuse ou encore des translations de reliques. Depuis longtemps, ces récits ont été mis en relation – avec plus ou moins de bonheur – avec les vestiges archéologiques découverts en fouille ou les éléments architecturaux encore en place sur le site. Les carmina de Raban n’ont pas été oubliés mais ont surtout servi pour déterminer le nombre d’autels présents dans chaque édifice ou préciser leur vocable : en effet, si l’on excepte les titres (qui comprennent parfois une localisation), le discours de ces poèmes ne présente jamais de référence directe à la construction ou au décor.
Cependant, Raban Maur est un des plus grands auteurs du temps et même si, comparés au De laudibus sanctae Crucis par exemple, ses carmina épigraphiques peuvent être considérés comme des productions mineures, ils viennent ponctuer, presque parfaire, un paysage architectural ambitieux dont la composition s’étale sur plusieurs décennies. En tant que témoignages d’une production à vocation épigraphique, ils forment la partie exposée d’une écriture porteuse de sens dans chacun de ses mots et leur composition en séries organiques semble reproduire sur le parchemin les déambulations qu’on imagine dans l’édifice. Les versus commandés à Raban par Eigil pour la dédicace solennelle de l’abbatiale en 819 par l’archevêque de Mayence Haistulf sont contemporains de son De institutione clericorum (également offert à Haistulf), dont le chapitre II, 45 décrit l’ordo de dédicace et son sens symbolique. La cérémonie elle-même est d’ailleurs longuement décrite par Candide dans le second livre (en vers) de la Vie d’Eigil, constituant ainsi une véritable ekphrasis.
Arrimés à des lieux précis par l’usage de nombreux déictiques, les poèmes metrica lege compositos, dont on sait que certains étaient litteris aureis scriptos, expriment par leur formulation ramassée la quintessence de ce que leur auteur voulait offrir à la vue de tous de manière pérenne. À ce titre, ils méritent d’être étudiés pour eux-mêmes : la communication s’attachera donc à analyser la rhétorique et les thématiques propres aux carmina épigraphiques de Raban Maur pour Fulda, mettant ces derniers en regard de ce qu’on connaît des monuments auxquels ils étaient destinés et de l’ensemble de la production écrite contemporaine, afin de mieux comprendre l’idée que Raban Maur se faisait alors de cette architecture d’exception et le sens qu’il lui donnait.
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Dates et versions

halshs-04552587, version 1 (19-04-2024)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-04552587 , version 1

Citer

Cécile Treffort. Metrica lege compositos et litteris aureis scriptos : autour des poèmes rédigés par Raban Maur pour les églises de Fulda. Colloque international : Construire l’église-monument par les textes et les images, Ve-XIIe siècles, Institut d’archéologie méditerranéenne ARKAIA; le laboratoire TDMAM (Texte et document de la Méditerranée antique et médiévale); le CCJ (Centre Camille Jullian); le LA3M (Laboratoire d’archéologie médiévale et moderne en Méditerranée); l’IRAA (Institut de recherche sur l’architecture antique), Dec 2022, Aix-en-Provence, France. ⟨halshs-04552587⟩
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