À partir des discours de presse généraliste francophone collectés sur les 5 dernières années (principalement presse nationale et régionale française, mais aussi québecoise, suisse et belge), je me propose de rendre compte des phénomènes de dénigrement, de stigmatisation et, plus généralement, des représentations et stéréotypes qui émergent et se stabilisent à propos de l’écologie et des « écologistes » (pris au sens large – militants dans et hors des partis classés à gauche, adeptes de la sobriété et/ou d’un changement de modèle de société, voire activistes du climat). L’analyse prend pour point de départ certains mots ou expressions clé (ayatollah vert, khmer vert, amish… puis, à partir d’octobre 2022, écoterroriste), et explore le contexte de ces mots à partir d’entrées sémantiques et discursives : l’expression est-elle employée pour qualifier, pour désigner ? Et dans ce cas, qui désigne-t-elle ? Fait-elle l’objet d’une justification, d’une mise à distance ? Quel est l’environnement discursif et textuel de l’expression : thème et domaine, liens de causalité présentés (les Gilets jaunes, c’est « à cause » de l’écologie punitive) ? À quoi s’associe ou s’oppose la personne ou le groupe stigmatisé (au progrès et à la technologie, à la connaissance, au bien-vivre et à la prospérité) ? Quelles sont les « figures » des anti-écologistes, et quels sont leurs arguments ? Dans une période marquée par les soubresauts de la communication publique (rôle des réseaux sociaux, relation difficile à la « vérité »), par les tensions des rapports politiques, et mise sous le sceau de la menace climatique et plus généralement environnementale, l’étude cherche à dresser un panorama des crispations à l’œuvre, au travers de leur expression dans les discours.