Les faits sont connus : en 1637, une troupe de chanteurs dirigée par Francesco Manelli, chanteur et compositeur, loue une salle de spectacle à Venise, le théâtre San Cassiano, pour y représenter l’Andromeda, une œuvre dramatique entièrement chantée, accessible à un public payant. La troupe constituée par Manelli compte une seule chanteuse, sa femme Maddalena, et cinq chanteurs : les castrats Girolamo Medici et Francesco Angeletti, le falsettiste Anselmo Marconi, le ténor Annibale Graselli, la basse Giovanni Battista Bisucci, en plus de Manelli lui-même, basse également. Ces sept interprètes sont appelés à donner vie à douze rôles. L’absence de sources musicales nous interdit de saisir toutes les subtilités de cette création qui a marqué la naissance du théâtre commercial. Cependant, d’autres éléments au-delà de la partition peuvent faire l’objet d’une étude ou d’une nouvelle lecture, notamment sous le prisme des pratique scéniques. Dans cette perspective, j’aborderai tout d’abord les éléments transmis par le livret susceptibles de nous renseigner sur l’appareil scénique et sur l’action des personnages (scénographie, costumes, mouvements et gestes) ; ensuite, je mettrai en relation ces éléments avec la configuration de la troupe et la répartition des rôles, dans l’intention de montrer qu’il existe un lien entre la capacité de jeu des interprètes et la complexité scénique des rôles qui leur sont confiés, à une période charnière pour le façonnement et le devenir de la figure du chanteur d’opéra professionnel.