Initialement élaborée en philosophie ou en histoire (R. Koselleck), la notion d’horizon d’attente a été largement reprise en sociologie, plus particulièrement en sociologie de l’action collective ou, d’une autre manière, en sociologie de l’art. Quels sont les enjeux épistémologiques de cette importation transdisciplinaire et comment s’est-elle effectuée ? L’étude des conditions de cette réception montre notamment les décalages qui peuvent s’observer par rapport aux élaborations initiales. S’agit-il d’un concept vague dont le caractère plurivoque explique justement le succès, ou fait-il au contraire l’objet de théorisation précise en sociologie ? Une analyse des différents usages heuristiques de la notion comme outil théorique ou parfois simple métaphore sera proposée. Un des enjeux, et sans doute une des raisons motivant la référence aux horizons d’attente, est l’articulation entre cognition et émotions que la notion permet, alors que l’étude des émotions, et en particulier des émotions politiques, est en plein renouveau en sciences humaines. Peut-on considérer ici qu’un dialogue interdisciplinaire s’est établi à un niveau théorique ? À partir de cette analyse, des éléments de réflexion peuvent être proposés sur les liens entre circulations de concepts et théorisations générales du social, au-delà des fractures disciplinaires.