Cette proposition de communication se propose de s’intéresser à la façon dont la consommation des personnes en situation de handicap est saisie par le champ de la recherche en marketing. En 2015, l’Association Française de Marketing définissait le marketing comme « Une vision spécifique des échanges qui doivent être équitables et impliquer la création de valeur pour chacune des parties prenantes (individus, organisations, institutions). ». Afin de rendre compte de la façon dont le marketing se saisit de la question du handicap nous nous baserons sur une revue de la littérature systématique par mots clés dans 25 revues académiques anglo-saxonnes et françaises. Ce qui a permis d’identifier 58 articles. En tant que chercheurs en marketing travaillant sur le handicap depuis une quinzaine d’année notre rapport à l’objet est non neutre. Nous avons essayé de réaliser un effort de distanciation notamment via la réalisation d’une auto-analyse. Les travaux sur les consommateurs en situation de handicap en marketing vont émerger avec la promulgation de l’Americans with Disabilities Act en 1990. Ainsi un des premiers articles que nous recensons date de 1995 et analyse les implications de l’ADA pour les praticiens du marketing (Stephen et Bergman, 1995). Ces travaux se situent, explicitement ou non, dans la perspective du modèle social. Cette approche apparaît comme bien en adaptée à la perspective et aux lieux d’action du marketing. Situer la source du handicap dans l’environnement questionne en effet le marketing qui participe à l’élaboration des offres, services et environnement dans lesquels évoluent les consommateurs. Les travaux publiés entre 1990 et 2020 adoptent principalement une telle perspective même si on peut noter un progressif élargissement des contextes étudiés et des types de déficiences pris en compte. La perspective adoptée conduit à plusieurs limites. D’abord, l’accent mis sur le rôle de l’environnement tend à invisibiliser des caractéristiques individuelles dont on sait qu’elles peuvent avoir un pouvoir explicatif fort (classe social, genre, déficience). Ensuite, l’utilisation très pragmatique et descriptive du modèle social conduit à des contributions davantage sur le plan managérial et théorique ce qui limite sans doute en partie la visibilité des travaux en leur fermant les portes des revues les plus prestigieuses. Enfin, la dimension politique du modèle social tendait souvent à être tue. Depuis quelques années émergent de nouvelles perspectives se développent en écho à ces limites. Ainsi des recherches soulignent l’importance de la prise en compte des caractéristiques sociales des consommateurs (Nau et al. 2016), de mieux prendre en compte des expériences incorporées (Beudaert, 2020) et de tenir compte de l’impact d’une idéologie validiste (Kearney et al. 2019).