En écho aux engagements pris par les pays de l’Union européenne (UE), la décarbonation des mobilités est devenue un impératif catégorique, comme en témoignent les objectifs affichés dans le Pacte vert (Green Deal) : atteindre, en 2030, un niveau d’émissions de gaz à effet de serre inférieur de 55 % à celui de 1990 (fit for 55). Pour y parvenir, le secteur des transports est appelé à une véritable révolution énergétique. Tous les modes de transport devront se passer des carburants fossiles. Les normes européennes imposant l’électrification des véhicules routiers ne sont que la forme la plus emblématique de cette nouvelle donne. À terme, les transports maritimes, fluviaux et aériens, de personnes et de marchandises, devront aussi adopter de nouvelles sources d’énergie. Plusieurs solutions techniques sont évoquées (biocarburants, hydrogène, e-fuels…). Mais les solutions techniques ne sont pas les seules, les choix privés et publics de la demande de transport sont aussi invités à évoluer afin que s’opère un report vers les modes les moins émetteurs comme le train. Cependant, l’UE, tout comme la France, se montre prudente sur l’ampleur du report modal, ce qui est justifié par les déceptions des dernières décennies. En effet, alors que le report modal est au cœur des politiques de transport européennes et nationales depuis plus de vingt ans, les parts modales, c’est-à-dire le poids de chaque mode de transports dans les kilomètres parcourus, n’ont guère changé depuis les années 1990. Pourrait-il en être autrement d’ici à 2030 ou 2040 ?