Mikel Dufrenne (1910-1995) est aujourd’hui connu et reconnu comme philosophe, plus précisément comme un représentant de la phénoménologie française. Pourtant, il a lui-même procédé à un dépassement spéculatif en règle de la phénoménologie. Ce dépassement a été mené en esthétique. Or, Dufrenne n’est pas seulement philosophe de l’art, il est également sociologue. Dès 1953, à sa thèse principale, Phénoménologie de l’expérience esthétique, répondait sa thèse complémentaire, La personnalité de base. Un concept sociologique. Cette thèse constituera un des volumes de la collection « Bibliothèque de sociologie contemporaine » fondée par Georges Gurvitch. Maryvonne Saison, qui fut l’élève et l’amie de Dufrenne, affirme que s’est manifestée chez le jeune Dufrenne une « tentation sociologique ». Il ne serait pas exagéré de dire qu’il y eut aussi une réalisation sociologique du jeune Dufrenne, tout autant que des rebonds ou des relances de cette réalisation par-delà les thèses initiales.