Comme le dit Jean-Claude Mühlethaler en une jolie formule tout en renvoyant à l'ouvrage capital de Michel Jeanneret Des mets et des mots 1 , « la Renaissance s'est montrée conviviale » 2 . Fascinés par les modèles de banquets littéraires et philosophiques de Platon et Xénophon 3 , par ceux des banquets érudits de Plutarque, Athénée ou Macrobe 4 -encore cette distinction est-elle toute relative 5 -, tout autant que par le contre-modèle du symposion socratique offert par Lucien 6 , les humanistes ont à leur tour multiplié les ouvrages proposant des règles de civilité, mais ont aussi, comme leurs prédécesseurs, formulé ces règles de façon non pas théorique mais pratique, en publiant des textes de toute sorte, aussi bien en prose qu'en poésie, de coloration « symposiaque ».

C'est une caractéristique que l'on trouve chez les auteurs dont je vais traiter dans cette communication, qui forment ce que l'on appelle le sodalitium Lugdunense ; il s'agit d'un groupe composé de ceux que l'on nommerait aujourd'hui des « intellectuels » lyonnais ou, pour employer un terme moins anachronique, une « compagnie d'humanisme » 7 , active dans la ville de Lyon pendant la décennie 1530-1540 8 et réunie par l'amitié et l'amour des belles lettres autour de l'imprimerie de Sébastien Gryphe et de la demeure de