"Ethics to the rescue of AI-assisted social work".
« L’éthique au secours du travail social assisté par l’IA »
Résumé
For researchers in the humanities and social sciences, the relationship between AI systems and work, in its traditional sense and forms, seems both complex and unstable, likely to generate emotionally strong and contradictory expectations. In the wake of the digital revolution, the algorithmic revolution legitimately gives rise to fears of a "disruption" fatal to job creation and disrupting professions, no less than to strong resistance engendering new (legitimate) forms of Luddism. Can ethics come to the "rescue" of such threats? Naively put, this question is a real trap for researchers in the humanities and social sciences. In the face of socio-technical upheavals, ethics can't save us from anything; in fact, it's often used as a decoy to mask bad practices. On the other hand, a critical approach to socially irresponsible innovation allows us to think afresh about working conditions in a digital and algorithmic regime. This talk aims to show how certain co-design practices involving varied and in-depth forms of ethical reasoning open the way to a genuine "technological social dialogue". The challenge is to civilize the algorithmic society; our hypothesis is that this will be impossible without collective work involving a dialogue between the stakeholders in professional activity, enabling a new form of conviviality with the tools of work and between the people engaged in the activity, for the benefit of a "decent" society.
Pour les chercheur.es en sciences humaines et sociales, les relations entre les systèmes d’IA et le travail, dans son sens et ses formes traditionnels, semblent à la fois complexes, non stabilisées, susceptible d’engendrer des attentes émotionnellement fortes et contradictoires. Dans la suite de la révolution numérique, la révolution algorithmique fait légitimement craindre une « disruption » fatale à la création d’emplois et bouleversant les métiers, non moins que des résistances fortes engendrant de nouvelles formes (légitimes) de luddisme. L’éthique peut-elle venir « au secours » de telles menaces ? Formulée naïvement, cette question recouvre un véritable piège pour les chercheur.es en sciences humaines et sociales. L’éthique, face aux bouleversements socio-techniques ne peut sauver de rien, elle constitue même un leurre fréquemment employé pour masquer les mauvaises pratiques. En revanche, une approche critique de l’innovation socialement irresponsable permet de penser à nouveaux frais les conditions de travail en régime numérique et algorithmique. Cette intervention entend montrer comment certaines pratiques de co-conception (ou co-design) impliquant des formes variées et approfondies de raisonnement éthique ouvrent une voie pour un véritable « dialogue social technologique ». L’enjeu est de civiliser la société algorithmique ; notre hypothèse est que cela sera impossible sans travail collectif impliquant un dialogue entre les parties prenantes de l’activité professionnelle, permettant une nouvelle forme de convivialité avec les outils du travail et entre les personnes engagées dans l’activité, au profit d’une société « décente ».