Dans la société médiévale, la fabrication du charbon de bois est l'une des sources d'énergie essentielles pour transformer les matières premières. Si la fabrication du charbon de bois en meule commence à être mieux étudiée, celle du charbon de bois en fosse est demeurée longtemps dans l'ombre. En Provence, depuis une quinzaine d'année, l'archéologie préventive a mis au jour des fosses identifiées comme des fours enterrés pour fabriquer du charbon de bois et datées des VIIe-XIIe s. Afin de mieux les comprendre et d'évaluer l'impact de cette pratique productive sur l'environnement, une recherche ethnoarchéologique a eté conduite. Le choix du Rif marocain s'est imposé parce que cette pratique y a encore cours et parce que les milieux biogéographiques sont identiques (étage bioclimatique mésoméditerranéen) et donc,de part et d'autre de la Méditerranée, comparables. Le travail d'observation sur le terrain a consisté à suivre 17 cuissons en fosse dans la même région afin d'observer l'ensemble de la chaîne opératoire technique depuis l'acquisition de la matière première jusqu'à l'obtention du produit fini et d'enregistrer les variantes en fonction des pratiquants. Outre le minutage du temps technique de l'ensemble des différentes opérations, un enregistrement selon les méthodes de l'archéologie des fosses avant et après le processus de cuisson a été réalisée. La matière ligneuse a été pesée avant sa mise en fosse et la quantité de charbon de bois obtenue également afin de pouvoir calculer les rendements pour chaque cuisson. L'aire spatiale de ce prélèvement sur l'environnement peut être ainsi approchée grâce au relevé topographique systématique de tous les arbres sur lesquels la matière végétale mise à pyrolyser a été prélevée.