Production and exchange in Thomas Aquinas’s writing : Does man participate in the work of creation?
Production et échange chez Thomas d’Aquin. L’homme participe-t-il à l’œuvre de création ?
Résumé
Economic production by humans carries a dual challenge: theological, as part of the
work of creation, and economic, in terms of the management of natural resources and
respect for the natural environment. Thomas Aquinas’s economic writing tends to refute
the thesis that the medieval conception of man and nature is at the root of contemporary
ecological disaster. Going by the Biblical sources he uses and the way he associates economic thought and theology, it could be said that he places economic activity more in the context of exchange and a theology of the Covenant that demands justice in this exchange rather than in the context of participation in divine creation through production. Moreover, his use of the lexicon of production to deal with the question of supply shows that only the earth produces. Human beings adapt to the production they receive, transform and transport for exchange, to satisfy their needs. By limiting human activity to exchange, Aquinas offers an economic epistemology that could be described, in contemporary terms, as ecological, since the earth alone ensures production and, ultimately, supply, and human activity remains subordinate to it.
L’activité humaine de production économique présente un double enjeu, théologique,
d’inscription dans l’œuvre de la création, et économique, de gestion de ressources naturelles et de respect de l’environnement. Les œuvres à portée économique de Thomas d’Aquin tendent à infirmer la thèse selon laquelle la conception médiévale de l’homme et de la nature serait à l’origine du désastre écologique contemporain. Les sources bibliques mobilisées par l’Aquinate et les interactions entre pensée économique et théologie placent davantage l’activité économique dans le cadre de l’échange et d’une théologie de l’Alliance qui exige la justice de cet échange que dans le cadre d’une participation à la création divine à travers la production. Plus encore, le recours de Thomas au lexique de la production pour traiter la question de l’approvisionnement montre que seule la terre produit. L’être humain s’adapte à la production qu’il reçoit, transforme, transporte en vue de l’échange, pour la satisfaction des besoins. En circonscrivant l’activité humaine à l’échange, Thomas développe en creux une épistémologie économique qu’on pourrait qualifier, en termes contemporains,
d’écologique, puisque la terre seule assure la production et permet, ultimement, l’approvisionnement, et que l’activité humaine lui reste subordonnée.