« Pourtant Dürer lui a donné des ailes » : La Mélancolie ou le démon de Stagyre de Tinan
Résumé
As a disciple of Maurice Barrès, Tinan has adopted the precepts of the Culte du moi: feel as much as possible in order to analyse as much as possible. This quest for self-knowledge influenced by a method that claims to be scientific can, however, lead to a form of sentimental dryness. Tinan's work is characterised by its diversity of forms (novels, essays, chronicles) and his constant use of autofiction. Among his many aborted projects, La Mélancolie ou le démon de Stagyre (Melancholy or the Demon of Stagyre) (1898), in which the author sought to classify the ‘intellectual states of melancholy’. This makes Tinan an ideal candidate for the study of how the melancholy of knowledge is embodied in a young man at the end of the nineteenth century, halfway between symbolism and naturalism, between scientific training and literary sensibility. We will see how life's pain is expressed in different ways in his personal writings, based on his published work, but also on unpublished sources. An anxiety of the unfinished emerges throughout the corpus, becoming more and more pronounced until the author's death at the age of twenty-four.
Disciple de Maurice Barrès, Tinan a fait siens les préceptes du Culte du moi : « sentir le plus possible, pour analyser le plus possible ». Cette quête de la connaissance de soi, influencée par une méthode se voulant scientifique, n’est pas sans conséquences : elle peut confiner à une forme de « sécheresse » sentimentale.
L’œuvre de Tinan se caractérise par une diversité des formes (romans, essais, chroniques) et par son recours constant à l’autofiction. Parmi ses nombreux projets avortés se distingue La Mélancolie ou le démon de Stagyre (1898), où l’auteur cherche à classifier les « états intellectuels de la mélancolie ». Ces éléments font de Tinan un candidat idéal pour étudier comment s’incarne la mélancolie de la connaissance chez un jeune homme de la fin du XIXe siècle, à mi-chemin entre symbolisme et naturalisme, entre cursus scientifique et sensibilité littéraire.
Nous nous intéresserons à l’expression du mal de vivre dans les différentes formes de son écriture personnelle, à partir de son œuvre publiée et de sources inédites. Une angoisse de l’inaccompli se détache de l’ensemble du corpus, de plus en plus prégnante au fur et à mesure que la maladie de l’auteur progresse, jusqu’à l’emporter à ses vingt-quatre ans.