Avant l'apparition de la bouteille en verre noir fabriquée dans les verreries au charbon, une production locale de bouteilles existe bel et bien en Provence. L'industrie verrière est, en effet, ancienne dans la région. Au XVIIe siècle la fabrication de la bouteille est destinée à un marché local ou pour un usage domestique. On la trouve dans les cuisines avec les cruches et les carafons, on a par conséquent moins affaire à un mode de conditionnement qu'à un objet de service. Dans le dernier tiers du XVIIe siècle, la bouteille prend part dans les cargaisons des navires de la Compagnie des Indes pour un marché colonial transatlantique. Si l'on se fie à l'état du commerce, fait pour le roi de 1735 à 1744, du port de Marseille pour les Isles françaises d'Amérique, il n'est jamais fait mention de bouteilles comme contenant mais plutôt du contenu : du vin, des eaux-de-vie ou des huiles comestibles. Seules les dames-jeannes, représentées dans les gravures à côté des barriques et des jarres en terre cuite, sont mentionnées dans cet état du commerce. Les états sommaires des marchandises sorties des Iles entre 1669 et 1738, mentionnent que les eaux-de-vie du pays (rhum, tafia) repartent conditionnées en dames-jeannes de verre.