Le programme ValEuRT est porté par deux institutions – l'Umr 8167 Orient & Méditerranée et l’UR Médiations de Sorbonne Université représentée par François Bétard. S’agissant d’archéologie, il est également soutenu par le SRA-DRAC Normandie. Il développe en outre des collaborations étroites avec différentes institutions de recherche ainsi que des associations locales comme la SHADT à Dreux ou encore Archéo27 à Bernai, et en concertation avec les habitants et acteurs locaux. Comme l’indique son nom ou le laisse suggérer, ce programme – Vallée de l’Eure : une rivière, des territoires – s’intéresse aux dynamiques de peuplement (les territoires) en interaction avec l’environnement et ce au sein de la vallée de l’Eure – et plus particulièrement la moyenne vallée. Il entre à ce titre dans le cadre de programmes de recherche qui se développent à une échelle plus – sur l’évolution de l’occupation du sol (ou dynamiques de peuplement) et les modalités et les éléments de cette évolution, autant en termes d’apports que de changements, de mutations, de transformations… Les éléments purement historiques entrent nécessairement en jeu mais en relation avec l’environnement qui lui aussi se transforme. Pourquoi la vallée de l’Eure : ce secteur offre un patrimoine comme partout ailleurs mais qui se révèle plutôt discret alors que son histoire est complexe – bien connue pour les périodes post-médiévales, qui sont marquées par les conflits entre le Duché de Normandie et le royaume de France. Mais c’est un secteur qui paraît bien avoir été intégré dans l’organisation générale de la Gaule du Nord – à l’époque romaine si on en croit la distribution des axes de communication et d’échange dont l’un traverse le bassin versant, dans sa longueur du sud au nord, longeant plus ou moins la rivière de l’Eure et reliant Orléans à Rouen en passant par Chartres, Dreux et Évreux. Dans le cadre d’un programme assez « ordinaire » en soi, ce contraste interroge et c’est ce qui a amené à une approche géoarchéologique et patrimoniale, qui se développe dans un cadre expérimental – à 2 niveaux : • la pluridisciplinarité – puisqu’elle engage l’archéologie pour les vestiges anthropiques, l’histoire pour ce qui est plus récent, et les sciences de la Terre (géologie, géomorphologie…) pour ce qui est de l’environnement « naturel ». Il n’est pas d’opposer les deux – culture et nature, environnement humain et environnement naturel – mais bien de voir les imbrications, et en l’occurrence, comprendre / apprendre à lire dans le paysage actuel ce qui s’est passé avant, ce qui a laissé des traces et comment ; • le 2e niveau est presque une gageure puisqu’il s’agit de n’utiliser que des techniques et technologies non invasives, c'est-à-dire qui laissent le moins de traces, qui dérangent le moins possible les activités actuelles. Elles relèvent surtout de l’observation : (1) un inventaire de l’existant – essentiellement du bâti encore en place, d’époque médiévale (églises) à moderne ; (2) un travail de détection (ou télédétection) d'«anomalies» qui relèvent de traces laissées dans le paysage et qui n’ont pas lieu d’être «naturellement» : ce travail se fait à l’aide de différentes techniques – classiques (photos aériennes) ou le LiDAR et différents capteurs montés sous drone ; (3) des prospections en géomorphologie – qui est la seule technique un peu invasive dans la mesure où elle nécessite de faire quelques sondages à la tarière ; (4) des observations botaniques également – avec la photographie aérienne déjà, mais qu’on cherche à développer par l’étude des espèces et de leurs lieux de prédilection qui peuvent également être marqueurs d’anomalies Toutes ces observations sont compilées dans une base de données spatiale pour permettre d’en repérer aisément la localisation et de les faire dialoguer entre elles. L'objectif à termes est également de la mettre à la disposition du plus grand nombre pour que chacun puisse intervenir et entrer ses propres observations, les mettre en relation avec celles des autres, de quelque nature qu’elles soient, et échanger avec l'équipe projet – car ce sont les habitants et les acteurs locaux qui connaissent le mieux l’environnement (immédiat) dans lequel ils vivent au quotidien.