Le projet ValEuRT vise à comprendre les dynamiques d’occupation du sol sur le temps long – de la Préhistoire à l’époque moderne – sur un secteur qui s’avère resté en marge des intérêts scientifiques. Très peu documenté sur le plan archéologique, ce secteur donne l’image d’une région qui se serait peu développée, voire qui a été peu occupée avant le Moyen Age, alors qu’il présente une position qu’on pourrait qualifier de stratégique dans l’organisation politico-économique de l’empire romain, voire avant. Le fait qu’il soit peu documenté et peu investi par la recherche nous a amenés à envisager une approche par l’analyse paysagère et régressive – c’est-à-dire telle qu’on l’a sous les yeux, avec les marques plus ou moins visibles et reconnaissables des états antérieurs. Il s’agit donc d’un programme d’archéologie qui met en œuvre et s’appuie sur des pratiques de terrain – essentiellement de prospections –, mais également sur la documentation d’archives et de cartographie au sens large, mise à disposition par l’IGN (cartes anciennes, cadastres, topographie jusqu’aux photos aériennes et LiDAR). La mobilisation des habitants ne constitue pas quelque chose de nouveau en archéologie, mais se fait plutôt naturellement, sans protocole particulier. En l’occurrence, elle a été rendue nécessaire dès le démarrage du projet. Compte tenu du peu de données à notre disposition, il nous semblait important de nous appuyer non seulement sur les collectivités territoriales (SAD), mais également et surtout sur les connaissances des natifs et du moins des habitants actifs qui « vivent » le secteur au quotidien, vers qui, en outre, il nous faut nous tourner pour obtenir des autorisations de prospection sur des parcelles privées. Nous nous appuyons également sur une association active de prospecteurs aériens. La participation se fait au gré des campagnes de terrain – prospections au sol ; partages de données/connaissances du territoire ; participation à l’inventaire archéologique ; prospections aériennes. Les résultats visent à une meilleure connaissance du territoire – sur le plan patrimonial en général (visite de certains lieux inédits), mais aussi sur le plan paysager – mais également à la mise en évidence de la dimension paysagère comme « lieu de vie » évolutif dans le temps. Plus globalement, cette participation permet de donner une dimension palpable à la recherche archéologique.