Le programme ValEuRT entre dans le cadre des programmes de recherche du laboratoire Orient & Méditerranée (Umr 8167 | Cnrs, Sorbonne Université), qui s’intéressent à l’évolution des sociétés anciennes et à l’organisation de leurs territoires, que ce soit sur le sol national comme à l’étranger. Il focalise à ce titre plus particulièrement sur les dynamiques d’occupation du sol en interaction avec l’environnement, sur le temps long – de la Préhistoire à l’époque moderne – et rassemble pour ce faire une équipe pluridisciplinaire et pluri-institutionnelle. Restée en marge des intérêts scientifiques, la vallée de l’Eure constitue en soi un secteur d’étude intéressant dans ce qu’il permet d’ouvrir sur de nouvelles approches sans présupposé, sur le plan aussi bien scientifique que méthodologique, par le développement d’opérations non-invasives et, en corollaire, l’enregistrement et le traitement de données à la croisée des sciences archéologiques et historiques et des sciences de la Terre. Ce programme met en œuvre et s’appuie sur des pratiques de terrain non invasives – observations issues essentiellement de prospections –, mais également sur la documentation d’archives et de cartographie au sens large mise à disposition par l’IGN (cartes anciennes, cadastres, topographie, photographies aériennes et levés LiDAR). Il repose sur l’analyse du paysage, dans une lecture actuelle – tel qu’on l’a sous les yeux – et régressive, en explorant les marqueurs plus ou moins visibles et reconnaissables des états antérieurs, du Moyen Âge comme des périodes plus anciennes. Les objectifs ne se résument pas à une meilleure connaissance du territoire sur le plan patrimonial en général, mais visent également à mettre en évidence la dimension paysagère comme « lieu de vie » évolutif dans le temps. La notion de « patrimoine commun » pose à ce titre question : du patrimoine culturel à préserver à un véritable héritage dont les impacts générationnels courent dans le temps et se déclinent en enjeux sociétaux par rapport à l’environnement défini comme strict « milieu de vie quotidienne ». L’inventaire du patrimoine culturel s’enrichit ainsi de données issues de la géologie, de la géophysique, de la sédimentologie, de l’hydrogéologie, ou encore de la botanique, marqueurs d’événements passés qui apportent non seulement des informations sur le contexte général des implantations humaines mais également sur la chronologie de leurs évolutions dans le temps, voire des différentes incidences croisées dans une approche historico-systémique.