La genèse de la carrière artistique de Leo Maslíah est intimement liée à la contrainte qu’il subissait comme tant d’autres citoyens, et à la liberté qui était une aspiration secrètement partagée par beaucoup. Mais son oeuvre, qui va se développer et se diversifier dans les années qui vont suivre, n’est pas une oeuvre politiquement engagée au sens que l’on donne à cette expression au XXe siècle : elle n’est pas une oeuvre partisane, elle ne dénonce pas, elle ne délivre pas de message, elle ne cherche pas à gagner l’adhésion du lecteur à une cause ou à une idéologie quelconque. Elle n’est pas non plus une oeuvre politiquement correcte ; bien au contraire, elle bouscule la doxa, transgresse, dérange, questionne les certitudes et les idées reçues, et par là s’avère être une oeuvre profondément politique, dans le sens où elle concerne en tout premier chef la vie de la polis et s’adresse au lecteur-citoyen. Notre travail part d’un constat somme toute assez simple : l’oeuvre romanesque de Leo Maslíah, traversée par de nombreuses contraintes, donne à son lecteur l’impression d’être une oeuvre extrêmement libre. Ce travail s’efforce de montrer à quel point la liberté est la clé de voûte de l’édifice (eschérien) de Maslíah. Pour cela, nous avons travaillé sur un corpus composé des treize premiers romans de Maslíah, qui sont analysés et décortiqués à la lumière de ce double questionnement (liberté/ contrainte). Dans sa partie centrale, ce travail analyse les principales stratégies mises en oeuvre dans ces romans au service de la liberté. Ces stratégies sont classées en très groupes : tout d’abord, la stratégie « tragi-comique » ; ensuite, et en étroite relation avec le comique, la « stratégie ludique » et enfin la « stratégie intertextuelle ». La question de la liberté est également traitée du point de vue de la réception, et dans sa dernière partie ce travail s’intéresse au roman Libretos, un roman à la fois à part (l’humour est beaucoup moins présent que dans les autres textes) et emblématique de la démarche maslienne.