Ma thèse concerne l’étude du bois de construction dans le sud des Balkans au 5e millénaire avant notre ère ; elle allie analyse archéologique, paléobotanique et expérimentation. Mon sujet s’inscrit dans un contexte environnemental, culturel et historique cohérent, entre autres en matière d’architecture. En effet, témoin d’une identité culturelle partagée, les constructions en terre sur armature en bois sont omniprésentes dans le sud des Balkans à cette époque, désignée selon les régions comme Néolithique Récent ou Chalcolithique. Toutefois, elles n’avaient pas encore fait l’objet d’un travail de synthèse, tandis que les études ponctuelles restent rares. Mon étude est fondée sur l’analyse originale du matériel archéologique inédit de trois sites, en Grèce du Nord (Dikili Tash) et en Bulgarie (Hotnitsa et Petko Karavelovo), fouillés récemment. Les occupations concernées sont comprises dans les trois premiers quarts du 5e millénaire. Je m’appuie également sur des parallèles architecturaux d’autres sites voisins (Macédoine du Nord, Thessalie, Albanie, Turquie, Roumanie), durant la même période mais aussi pour le 6e millénaire, qui est une période formatrice. Ma thèse se présente donc comme la première synthèse de ce type, s’appuyant tant sur le bois conservé, à l’état carbonisé ou minéralisé, que sur les empreintes que celui-ci laisse dans la terre à bâtir, lorsque celle-ci a subi un durcissement par le feu. Selon une démarche rigoureuse, j’identifie le type et les dimensions des pièces de bois, leur mode d’agencement, leur rôle dans le bâti et leur emplacement possible dans la construction. Je parviens ainsi à proposer des reconstitutions architecturales argumentées pour les bâtiments (16 au total) des différents sites, à dégager des affinités ou des particularités, et à restituer les techniques mises en oeuvre pour travailler le bois de construction. En parallèle des études archéologiques et anthracologiques, j’ai entrepris une série d’expérimentations sur l’ensemble de la chaîne opératoire du travail du bois d’oeuvre, depuis le choix de l’arbre, jusqu’à l’incendie d’un bâtiment et la création d’un référentiel de fragments architecturaux incendiés. Il m’a ainsi été possible de vérifier la fiabilité de la méthode mise en place pour l’étude du matériel archéologique, mais également de tester mes hypothèses techniques et architecturales. À travers mon étude, je tente de replacer le bois de construction et son travail au sein d’un cadre socio-économique plus général. J’observe l’évolution de ces techniques au cours du 5e millénaire, mesure le rôle de l’environnement et des traditions techniques, mais aussi l’adaptabilité dont font preuve les bâtisseurs. Mes résultats soulèvent des questions sur l’organisation des ressources et leur exploitation en fonction des saisons. Ils me permettent également de proposer des hypothèses sur les savoir-faire et sur les connaissances nécessaires pour travailler le bois, ainsi que sur les processus de transmission de ces connaissances et sur l’apprentissage du travail du bois.