Le bâtiment est un secteur-clé de l’économie antique, mais qui n’a jusqu’alors que peu intéressé les historiens. Ce travail de recherche s’efforce de lui rendre sa place en étudiant la définition progressive de ce secteur économique et social entre le IVe siècle av. J.-C. et la période augustéenne. L’échelle adoptée est celle du chantier, entendu comme l’ensemble des processus de construction, par conséquent comme une réalité dynamique à laquelle participent des acteurs tout aussi nombreux que divers. Nous montrerons ainsi des évolutions conjointes à la tête du chantier : la maîtrise d’ouvrage délègue de plus en plus la réalisation mais aussi la direction des travaux, publics comme privés, d’une part à des architectes, qui assurent à partir du IIe siècle av. J.-C. l’essentiel de la maîtrise d’œuvre des gros chantiers, d’autre part à des entrepreneurs, groupe socio-économique où se trouvent à la fois des professionnels de la construction reconnus pour leurs compétences et des investisseurs financiers qui font ainsi fructifier leur capital. La complexité croissante des chantiers et des relations entre acteurs implique par ailleurs la mise en place d’un droit de la construction encore en cours de définition à la fin de notre période. Quant aux ouvriers qui réalisent les travaux, auxquels les sources écrites ne s’intéressent qu’à la marge, ils apparaissent comme un groupe hétérogène à la fois par leurs statuts, âges et sexes et par leurs compétences. Une part importante d’entre eux semble même passer d’un secteur à l’autre en fonction des besoins et des saisons. Le bâtiment est donc un secteur caractérisé par une grande fluidité, évoluant en même temps que la société, mais également intrinsèquement lié à d’autres secteurs de la Rome républicaine et augustéenne.