French Southern islands’ natural resources promotion: from no man's land to colony (1780s to 1930s)
Du no man’s land à la colonie : histoire de la mise en valeur des ressources naturelles des îles australes aujourd’hui françaises, des années 1780 aux années 1930
Résumé
Today under French sovereignty and referenced as a national nature reserve since 2006, the Southern Islands Saint-Paul, Amsterdam, Crozet and Kerguelen have been exploited as no man’s land since the end of the 18th century by sealers and whalers from all horizons in search of sea lion furs, elephant seal oil and whale oil. From the 1820s, Saint-Paul and Amsterdam also attracted ships from La Réunion and Mauritius for fishing, first "false cod", and later lobster. This manuscript sets out to chart the history of the exploitation of island’s natural resources in order to understand the legacy France had to contend with when she (re)asserted her sovereignty in the late 19th century onward and, ultimately, the implications of shift, from predation to protection of natural resources.
Using maps at different scales, the first section analyses the way material and legal conditions of access to resources changed over time. It highlights the entrance into the era of granting operating licenses and its effects. The second part is based on the construction of a temporal and spatial database, SPACK. This tailormade digital database is dedicated to the methods, players and aims of exploiting marine resources as part of globalized flows. Finally, the third part looks at France's first public nature management policies on the southern margins of her empire. It traces the genesis of the "national park of refuge for certain species of birds and mammals" created in 1924 and examines its limits.
Aujourd’hui françaises, classées réserve naturelle nationale depuis 2006, les îles Saint-Paul, Amsterdam, Crozet et Kerguelen sont exploitées comme des no man’s land dès la fin du XVIIIe siècle par des phoquiers et baleiniers venus de tous horizons en quête de fourrures d’otarie, d’huile d’éléphant de mer ou de baleine. À partir des années 1820, Saint-Paul et Amsterdam attirent aussi des goélettes de la Réunion ou Maurice qui pêchent la “fausse-morue”, puis la langouste. Ce manuscrit s’attache à reconstituer l’histoire de 150 ans d’exploitation des ressources naturelles de ces îles australes pour comprendre avec quel héritage doit composer la France lorsqu’elle y (ré)affirme sa souveraineté à la fin du XIXe siècle et, in fine, le glissement de la mise en valeur des ressources, d’une exploitation prédatrice vers une gestion plus raisonnée aux multiples enjeux, économiques, environnementaux, géopolitiques.
À partir de cartes, la 1ère partie analyse l’évolution des conditions matérielles et juridiques d’accès aux ressources et met en lumière la mise sous concession de la nature. La 2nde partie s’intéresse aux acteurs, modalités et finalités de l’exploitation des ressources halieutiques. Elle s’appuie sur la construction d’une base de données temporelle et spatiale, SPACK, consacrée aux voyages de chasse et pêche (pavillon, activité…) . Les flux sont mondialisés : la micro-histoire rejoint l’histoire globale. Enfin, la 3ème partie s’arrête sur les premières politiques publiques de gestion de la nature mises en œuvre par la France aux marges australes de son empire, notamment la genèse du parc national de refuge pour certaines espèces d’oiseaux et de mammifères créé en 1924.