La constitution de grands corpus de textes d'élèves réunissant la totalité de leurs travaux sur une période suffisamment longue, en l'occurrence ici une année scolaire, permet d'observer le réinvestissement de vocables, nouvellement acquis ou non, dans des textes de statuts divers : travaux individuels ou collectifs, écrits documentaires ou de fiction, intermédiaires ou définitifs. La particularité du corpus présenté ici, recueilli dans une classe de 5e, est de privilégier une approche systématique du vocabulaire dans chaque séquence, ponctuée par la constitution de fiches qui deviendront autant d'outils au service de la classe pour la rédaction par groupe d'un roman historique, aboutissement d'un projet pluridisciplinaire. Joint au recours systématique aux documentaires et aux usuels dans le cadre du cours, ce dispositif est caractérisé par un primat du référent sur l'approche strictement linguistique de la structuration lexicale : il s'agit d'aider les élèves à se construire un univers de référence qui prend appui sur les représentations préalables des élèves, saisies à partir d'un écrit partant d'une phrase inductive “ Le Moyen Age, ça me fait penser à ... ”. Analysées par le professeur, ces représentations sont retravaillées à travers les lectures proposées - extraits de la littérature du Moyen Age dont certains en version originale et traduite, roman de littérature de jeunesse comportant de nombreuses gloses didactiques, textes documentaires divers – mais aussi à travers la diversité des travaux proposés tant à l'oral qu'à l'écrit.

En confrontant les différents travaux de groupes d'élèves contrastés, nous cherchons à montrer en quoi le dispositif didactique permet de faire évoluer le stéréotype du chevalier. Nous nous interrogeons sur le rôle des lectures dans leur diversité, des réécritures, des outils consultés (notamment le dictionnaire analogique), afin de cerner l'évolution du champ sémantique de ce mot et la cohérence des réseaux lexicaux dans lesquels il s'insère.

Cette étude permet d'évaluer la pertinence d'une démarche qui part de l'expérience et de la connaissance du monde des élèves pour l'enrichir, et à situer la place et les modalités des interventions plus proprement linguistiques, lorsqu'elles semblent souhaitables. Elle débouche sur une réflexion sur la spécificité de la discipline qu'est le français dans les projets pluridiciplinaires, dans la façon dont elle intègre le linguistique et le culturel.