L'évidence de l'existence d'autrui est-elle un modèle pour la connaissance de Dieu ? Berkeley, Hume, Reid, et l'« argument irrégulier »
Résumé
This paper (which has been published in German) tackles the question of the rationality of religious experience in the British Enlightenment, and deals specifically with post-Lockean accounts of religious belief in the works of David Hume and Thomas Reid. The main point under discussion is an argument that shows, not directly that God exists, but that we know that God exists. According to this epistemological argument, of which we find a first formulation in George Berkeley's works, the knowledge of God requires the very same cognitive equipment as the knowledge of other minds. From an historical standpoint, the argument is interesting, because it has been the object of Hume's critique and also of Reid's defence, so that it allows us to understand an important controversy over the reasonableness and naturalness of religious belief and thus to grasp a good deal of the fate of rational theology in an empiricist context.
Note by L. Jaffro: Since the publication of this paper, I have traced the origin of this argument in Augustine, and shown its links with a coherentist conception of trust. See https://journals.openedition.org/estetica/3401
Cette étude (qui a été publiée en allemand) aborde la question de la rationalité de l'expérience religieuse dans les Lumières britanniques et porte spécifiquement sur les théories post-lockiennes de la croyance religieuse dans les oeuvres de David Hume et de Thomas Reid. Le point principal consiste dans la discussion d'un argument qui montre, non pas directement que Dieu existe, mais que nous avons la connaissance que Dieu existe. Selon cet argument épistémologique, dont nous trouvons une première formulation chez George Berkeley, la connaissance de Dieu n'exige pas d'autre équipement cognitif que celui qui est requis pour la connaissance des autres esprits. D'un point de vue historique, cet argument est intéressant, parce qu'il a été l'objet de la critique de Hume et a été défendu par Reid, si bien que son étude permet de comprendre une controverse importante au sujet de la raisonnabilité et de la naturalité de la croyance religieuse, et par là d'appréhender les aspects principaux du destin de la théologie rationnelle dans un contexte empiriste.
Note de L. Jaffro : Depuis la publication de ce texte, j’ai retracé l’origine de cet argument dans Augustin, et montré ses liens avec une conception cohérentiste de la confiance.. Voir https://journals.openedition.org/estetica/3401
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