Le matériel lithique dont la présence dans le site est imputable à l'action humaine comprend des objets façonnés et ou non. Les premiers peuvent être taillés, ou façonnés par une technique autre que la taille, les seconds comporter des traces d'utilisation ou non. Le matériel non modifié mais apporté volontairement par l'homme dans son habitat comprend les blocs destinés à constituer un dallage, construire un muret, délimiter ou remplir un foyer, ainsi que les curiosa. Le matériel non façonné mais utilisé par l'homme porte des traces d'utilisation : il s'agit de blocs et de galets correspondant à une vaste panoplie d'outils. Le matériel lithique taillé comprend les nucléus, les produits bruts de débitage, les produits utilisés sans retouche et les produits de façonnage. Le matériel lithique façonné par d'autres techniques que la taille comprend les outils façonnés par piquetage, martelage, sciage, raclage, polissage. Origine du matériel.-- Il convient d'abord d'établir si oui ou non la présence de ce matériel dans le site est due à l'action humaine. Lorsque son origine exogène est établie, il est souhaitable de déterminer sa provenance géographique, ce qui peut donner une idée du territoire parcouru par les occupants du site. Typologie.-- On associe généralement aujourd'hui les approches typologiques aux méthodes directes de datation, toutes études à compléter par une analyse technologique. Remontage.-- Le remontage des vestiges lithiques brisés et des blocs de silex débités permet de savoir si les différents secteurs de fouille sont synchrones ou non. Pour le matériel taillé, il permet de retrouver les principales phases de débitage et les options techniques choisies. Expérimentation.-- Les expérimentations ont pour but de retrouver les techniques de fabrication et d'utilisation des objets. La taille du silex est particulièrement bien développée. La fabrication d'artefacts par d'autres techniques que la taille fait aussi l'objet d'expérimentations systématiques. Par ailleurs, l'expérimentation permet de préciser le mode de fonctionnement de certains outils. Si elle ne constitue pas une preuve en soi, elle sert à contrôler la vraisemblance de certaines hypothèses fonctionnelles. Tracéologie.-- L'observation des traces d'utilisation se fait à l'aide d'instruments optiques de précision variable. La tracéologie des outils en silex se fonde sur la différence de poli présentée par la surface lithique des bords tranchants en contact avec un autre matériau. Lorsque les outils sont bien conservés, on peut y déceler la nature du matériau sur lequel ils ont travaillé et l'action exercée sur cette matière. L'observation des traces d'utilisation visibles sur les outils sur galet, bloc ou plaquette est particulièrement importante puisque c'est en grande partie d'elle que dépend le succès de leur détermination fonctionnelle. Pour l'art mobilier, l'observation des traits gravés apporte des informations sur la façon dont l'artiste a procédé. Recherche de résidus organiques.-- L'emploi du microscope électronique à balayage, ainsi que des analyses chimiques peuvent révéler la présence de certains résidus végétaux restés plaqués sur les tranchants d'outils particulièrement bien conservés, ou la présence de matières organiques. Recours aux données ethnographiques.-- Les données ethnographiques peuvent être d'un grand secours à condition de limiter la comparaison à un niveau strictement technique. Les différentes approches technologiques que l'on prend aujourd'hui en compte peuvent se résumer à trois étapes : 1) l'étude des matières premières représentées, de leur éventuel traitement différencié, et de leur origine géographique ; 2) la reconstitution des techniques de production ; 3) la fonction de ces outils et leur histoire. Toutes ces démarches sont en fait complémentaires et demandent à être conduites parallèlement. C'est à ce prix que les divers vestiges lithiques peuvent laisser entrevoir la réalité socio-économique et culturelle des hommes du Paléolithique.