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Article dans une revue Les Annales Islamologiques Année : 2011

Tāhart et l'imamat rustumide (c. 160/777-296/909)

Résumé

" Tāhart and the Rustumid imamate (c.160/777-296/909) : Oriental matrix and local rooting " It is the first critical analysis of the narrative accounts on the origins of the Rustumid state, which is highly idealized among the Ibadis of North Africa. The peculiarities of the Ibadi historical discourse are stressed, as well as its convergences with a broader political imaginary in Islam. The Islamic city of Tāhart was created in the second middle of the of 2d/8th c., not far away from a significant Roman urban center. Its foundation can be considered a major step toward the development of the so-called " khārijī " movement in Maghrib. The Rustamid imamate, which is often presented as the symbol of the Western Ibāḍiyya's golden age, is also frequently considered by North African postcolonial historiography as the foreshadowing of an Algerian " nation ". However, the idealization of the Rustumid historical sequence has deeper and older roots. The mythical urban memory of Tāhart was established no later than the 3d/9th c. Following Ibāḍī sources, Tāhart was born as a follower of Baṣra and soon became a rival-model and a competitor of Bagdad. However ideological and artificial this discourse might be, it provides us with a good material for any reflexion on the first Islamic regional " capitals ". Tāhart certainly ranked among the few urban centers that succeeded into displaying an autonomous economic and political network, and that proclaimed their independence from the imperial and self-conceived universal capital of Bagdad. After giving a short review of the available sources, we have studied the successive strata of Tāhart's history. We have focused on the foundation narratives for better understanding how the contact with competing models had shaped the urban imagery, and how the creation of the new town had embodied the ideal imamate symbolized by ʻAbd al-Raḥmān b. Rustum. We have also demonstrated that the image of Tāhart as the pole opposite to the Abbasids was based on a cluster of arguments used either for stressing the Oriental origin of Ibāḍism, or for claiming its North African local rooting thanks to the rhetorics of the šuʻūbiyya.
Il s'agit de la première analyse critique des récits sur les origines de l'État rustamide, qui font l'objet d'une très forte idéalisation parmi les Ibadites du Maghreb. Elle démontre les spécificités du discours historique ibadite, mais aussi ses convergences avec un imaginaire politique plus large de l'Islam.. La fondation, dans la seconde moitié du IIe/VIIIe siècle, de la ville islamique de Tāhart, située à proximité d'un important centre urbain antique, constitue une étape politique majeure dans l'affirmation de la nébuleuse dite " kharijite " au Maghreb. Volontiers présenté comme le symbole d'un âge d'or de l'ibāḍisme, l'imamat rustamide de Tāhart est également considéré par certains représentants de l'historiographie postcoloniale comme une préfiguration de la naissance d'une " nation " algérienne. L'idéalisation de l'épisode rustamide possède néanmoins des racines bien plus anciennes, puisqu'une mémoire mythique de la ville se mit en place de façon précoce, dès le IIIe/IXe siècle. Disciple de Baṣra devenue - tout du moins dans le discours - l'émule et la rivale de Bagdad, Tāhart offre un cadre propice pour toute réflexion sur la constitution des premières " capitales " régionales de l'Islam, villes actives dans la constitution de réseaux économiques et politiques locaux, et revendiquant une autonomie certaine vis-à-vis du principal centre d'impulsion d'un empire qui se voulait universel. Nous avons d'abord dressé un premier panorama des sources disponibles, afin d'y repérer les strates de mémoire constitutives de l'histoire de Tāhart. Nous nous sommes ensuite limités aux récits relatifs à la fondation de la ville et aux origines du royaume rustamide, incarné par son premier imam : ʻAbd al-Raḥmān b. Rustum. Tout en repérant les contours d'un imaginaire urbain forgé au contact de modèles rivaux, nous nous sommes penchés sur la cité en tant qu'espace de représentation et de réalisation de l'imamat. C'est ainsi que nous avons tenté de comprendre comment l'usage d'un argumentaire servant alternativement de support à l'affichage de la matrice orientale du mouvement, ou à la revendication, grâce au registre de la šuʻūbiyya, d'un ancrage local, a permis de construire l'image d'un pôle adverse et inverse du califat ʻabbāsside.

Domaines

Histoire
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Dates et versions

halshs-00804251, version 1 (25-03-2013)

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  • HAL Id : halshs-00804251 , version 1

Citer

Cyrille Aillet. Tāhart et l'imamat rustumide (c. 160/777-296/909) : matrice orientale et ancrage local. Les Annales Islamologiques, 2011, A. Nef et M. Tillier (dir.), Le polycentrisme dans l'Islam médiéval : les dynamiques régionales de l (nº 45), pp.47-78. ⟨halshs-00804251⟩
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Dernière date de mise à jour le 20/04/2024
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