L’Index critique littéraire du romantisme et du naturalisme
Résumé
Au XIXe siècle, la Congrégation de l’Index inscrivit dans son célèbre catalogue les noms
de nombreux écrivains français contemporains, dont Balzac, Sand, Lamartine, Eugène Sue,
Dumas, Hugo, Flaubert, Stendhal, Zola, pour une ou plusieurs de leurs oeuvres, voire pour la
totalité (condamnations opera omnia). L’ouverture des archives de l’Index nous permet de
connaître les motifs de proscription de chacun des titres, le déroulement des procès et les
examens censoriaux n’ayant pas abouti à une condamnation romaine. Parmi ces documents,
les rapports de censeurs ecclésiastiques s’apparentent à des textes de critique littéraire, mais
d’une espèce curieuse. On y juge la littérature romanesque et dramatique à l’aune de son
degré de conformité ou d’écart avec le magistère catholique en matière dogmatique et morale.
Grâce à cette espèce de laboratoire critique, nous prenons la mesure du regard que
l’institution ecclésiastique porte sur des oeuvres, sur des auteurs, sur des genres, mais aussi sur
des « doctrines littéraires ». L’Index définit à sa manière le romantisme et le naturalisme,
comme l’Église définit les propositions hérétiques dont elle juge ensuite le contenu
incompatible avec la foi ecclésiale.
L’Index saisit les égarements doctrinaux propres au romantisme comme une volonté de
régénération du christianisme, un individualisme religieux, entendu au sens où la foi est un
sentiment individuel immanent et où l’individu crée sa propre religion ou participe à son
élaboration ; la religiosité romantique s’émancipe des dogmes et de la médiation de l’Église
pour accéder à la connaissance du surnaturel. Du côté du naturalisme, on distingue la censure
de l’incroyance (naturalisme philosophique) de la censure du naturalisme littéraire, malgré
quelques confusions ponctuelles ; si la première condamne les énoncés au nom de la doctrine,
la seconde dénonce plutôt l’immoralité de la méthode littéraire. Les censures doctrinales de
Zola incriminent le déterminisme anthropologique, amalgamé par le rapporteur du Roman
expérimental au fatalisme, et sa justification de l’athéisme par l’exemple de Pierre Froment
dans la trilogie des Trois Villes.
Mots clés
censure
naturalisme
romantisme
Sand George 1804-1876
Balzac Honoré de
Romantisme Poétique et philosophie
Romantisme français
Romantisme litterature
Romantisme réception antiromantisme
Naturalisme français
Naturalisme littéraire
Censorship
Lamartine
critique littéraire
littérature et religion
Eglise catholique
Dumas père
Zola Emile
Flaubert Gustave
Domaines
Littératures
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