Avec une population estimée à 1,2 millions d’habitants en 2002, Cotonou, capitale économique du Bénin concentre les principaux organes décisionnels du pays bien que la capitale soit toujours Porto-Novo. Entre mer et lagune, le bâti s’étale sur un site étroit et fragile de cordons sableux dans une région très densément peuplée qui impliquerait une approche globale de l’urbanisme. Ces problématiques d’aménagement ont suscité de nombreux projets menés par le Gouvernement béninois, par la Banque mondiale et par les coopérations internationales. L’agglomération est composée de trois communes de statuts administratifs et fiscaux différents qui incorporent des zones rurales en transformation accélérée. Avec peu de ressources naturelles et une industrie quasiment nulle, le foncier représente un des principaux gisements financiers pour ces collectivités décentralisées. Depuis 2002, avec la décentralisation, la gestion foncière et la fiscalité locale est transférée des préfectures aux services domaniaux des communes décentralisées, à l'aide d'outils (registres fonciers urbains) soutenus par la coopération internationale. Dans la région urbaine, des logiques spéculatives et électorales poussent les communes à se lancer dans de vastes opérations de lotissements qui transforment le statut des terres rurales en parcelles urbanisables. L’ouverture de voies de circulation et l’obligation légale de bâtir sur ces parcelles loties transforment rapidement les territoires, sans aucune stratégie d'ensemble. Certains deviennent des zones résidentielles traversées par de nouvelles migrations pendulaires, d’autres connaissent des évolutions plus contrastées et spéculatives, augurant une « urbanisation latente ». Ainsi, le foncier devient-il un enjeu de revendications territoriales pour les communes. Cette nouvelle donne suscite un envol des prix des terrains et des conflits personnels relatifs aux limites de propriété et administratifs relatifs aux limites communales. L'arsenal de mesures d'accompagnement de la décentralisation a "oublié" la nécessité d'une gestion intégrée et concertée d'espaces littoraux et ruraux fragiles et vitaux pour l'équilibre régional...