L’architecture se manifeste de différentes façons : comme objet technique, comme forme, comme réponse à des besoins sociaux. C’est en général dans l’association de ces trois aspects fondamentaux, selon le canon énoncé par Vitruve pour définir l’architecture : “ soliditas, venustas, utilitas ”, que l’architecture se présente d’abord et assez trivialement, au-delà du projet, comme produit, ouvrage. Je souhaiterais ici considérer l’architecture pour les destinations sociétales qu’elle satisfait, pour montrer en quoi l’architecte est aujourd’hui à la fois mieux armé pour y répondre, mais dans un moment historique qui rend aussi ces réponses plus difficiles, du fait de la tension apparue entre un artiste sublimé dans son ego et un destinataire plus exigent dans la maîtrise du produit qu’on lui propose. Je tenterais d’aborder cette question sans l’isoler des autres dimensions portées par l’architecture qui, pour être « technique » et « plastique », n’en sont pas moins sociétales. Je montrerais enfin le supplément de qualité qu’apporte une plus grande attention aux attentes sociales en se gardant de toute illusion sur le degré de pertinence et de pérennité d’une solution la plus en conformité avec ces attentes.