Dans nombre de pays, les politiques de lutte contre le décrochage scolaire connaissent un processus de territorialisation qui tendent à investir les régions d'un rôle important en matière de coordination d'action publique. Pour autant, si le phénomène du décrochage scolaire présente des traits de caractérisation proches, ces politiques s'inscrivent dans des trajectoires socio-politiques et des cadres institutionnels très différents d'un pays et d'une région à l'autre. Il est donc intéressant d'inscrire la connaissance de l'action publique en matière de lutte contre le décrochage scolaire dans une perspective comparative. Cette communication présente les premiers résultats d'un travail comparatif conduit dans trois pays, la France, le Québec et l'Italie. Le choix de ces pays repose sur la volonté de confronter des formes différenciées d'organisation territoriale (une fédération, un régime fortement régionalisé et un État centralisé) et d'approche de la problématique du décrochage scolaire. Elle se base sur un travail d'enquête empirique conduit dans les régions Latium en Italie, Saguenay-Lac Saint Jean et Bas Saint Laurent au Québec et Pays de Loire, Ile de France et Aquitaine en France. Après une présentation rapide des conditions de mise à l'agenda politique de la problématique du décrochage scolaire et de l'armature institutionnelle des régions dans ces trois pays, la communication présentera comment les régions dans ces trois pays investissent cette problématique. En Italie, la diversité des situations régionales constitue un élément de contexte central. La politique d'autonomisation forte des établissements d'enseignement conduite depuis les années 90 constitue un trait marquant. C'est ainsi principalement au niveau des établissements que se construit la lutte contre le décrochage scolaire. Le rôle des régions italiennes consiste ainsi principalement à stimuler en les finançant les initiatives des établissements. Elles agissent aussi fortement en matière de formation professionnelle des jeunes. En France, la régionalisation de ces politiques a connu une institutionnalisation forte sous l'égide de la loi du 4 mars 2014 qui confie aux régions françaises une mission de coordination des actions de remédiation scolaire et professionnelle. Cette réorganisation rencontre une instabilité forte des régions liées au processus de fusion, de basculement électoral et de réduction drastique de leurs capacités financières. Le Québec, de son côté, a connu une intense régionalisation durant les années 2000 soutenu par un apport important de la recherche scientifique, la mobilisation des communautés locales et la mobilisation de fonds philanthropiques. Cette régionalisation a connu un coup d'arrêt brusque du fait de la suppression des structures politiques régionales (Conférences régionales des élus) par le gouvernement libéral de Philippe Couillard. Ces initiatives régionales se recomposent aujourd'hui dans un contexte difficile. Cette communication, en s'appuyant sur la trajectoire institutionnelle des politiques régionales, discutera l'hypothèse selon laquelle ce sont les régions les moins fortement institutionnalisées au sein de leur système politique qui offrent les capacités d'innovation et d'influence les plus fortes. Sa principale originalité repose dans la perspective comparative qui met en regard les expériences d'un pays fédéral, régional et unitaire. D'autre part, la perspective disciplinaire tirée de l'analyse des politiques publiques est rarement mobilisée dans les travaux sur le décrochage scolaire.