Bien que créé en Arménie en même temps que les emblématiques khatchkars monumentaux, le type de petits khatchkars muraux peut être considéré comme caractéristique de la diaspora arménienne, parce que son utilisation y est presque exclusive. Le présent essai est la première tentative, encore certainement très incomplète, d’étudier ce groupe d’objets dans son ensemble. Comme on peut le voir dans les exemples, d’abord de Cilicie, puis de plusieurs communautés diasporiques, ces petites plaques généralement minces, souvent en marbre, ne sont plus dressées isolément, orientées vers l’Est, mais sont fixées sur des surfaces murales, et n’ont donc pas d’orientation propre. Leur « décoration » présente principalement le même type de croix – arbre de vie que sur les khatchkars traditionnels d’Arménie, mais est simplifiée. Outre le but fondamental de glorifier la croix, les fonctions de ces petites dalles, souvent exprimées par les inscriptions, sont diverses, « votives », commémoratives, funéraires ou simplement porteuses de la protection offerte par la croix. Les inscriptions gravées sur la plupart d’entre elles contiennent une prière pour la mémoire et le salut des pèlerins (et des membres de leur famille) – dans le cas des plaques de Jérusalem, et pour la mémoire et le salut de croyants ordinaires et d’ecclésiastiques dans les autres cas. Parmi les raisons expliquant le choix de ces formes modestes dans des conditions diasporiques, on peut penser à une réduction des ressources financières, à une perte de compétences techniques et artistiques, à l’absence de la pierre volcanique d’Arménie, et à une volonté de discrétion, en particulier en milieu catholique ou islamique, où des manifestations visibles de culte étranger pouvaient être mal perçues.