L’évêque est l’une des figures d’autorité dans lesquelles s’incarne l’institution, au point que Cyprien l’identifie directement à l’Église. La Réforme tridentine a notamment consisté à revaloriser la dimension spirituelle de l’épiscopat, mais nombreux sont les écrits de la période sur le sujet qui développent surtout les aspects concernant la pratique et le gouvernement du diocèse. Un livre inconnu publié à Nantes en 1668, Le hiérarque parfait, du franciscain Jean Le Febvre, est pourtant entièrement consacré à un portrait mystique de l’évêque idéal, occupé en premier lieu par la contemplation des lumières divines, qui lui permettent à son tour, en tant qu’image de Dieu, d’illuminer ses fidèles. Dans ce processus de contemplation et de transmission, l’évêque a pour modèle le Christ et les apôtres, ses prédécesseurs, mais aussi les anges qui unissent mystique et action dans le monde, adoration et office divin, une célébration qui se déroule conjointement entre le ciel et la terre en reliant les deux hiérarchies. Puisant abondamment dans le corpus dionysien, Le Febvre fait découler le gouvernement épiscopal de la transcendance à laquelle le hiérarque a accès. Elle lui donne la sagesse nécessaire pour guider, consacrer et juger. Pourtant, loin d’être abordée en fonction d’une virtuosité personnelle, cette mystique de l’institution a un sens éminemment social : l’amour englobant de Dieu se retrouve dans celui de l’évêque qui fait communauté, sur le modèle des relations intra-trinitaires, de l’inclusion eucharistique, et du mariage mystique.