Le franchissement de la frontière entre la principauté ayyoubide de Damas et le royaume latin de Jérusalem, au côté d’Ibn Ǧubayr, est l’occasion de s’interroger sur la conception des limites spatiales et territoriales dans cette région du Proche-Orient des croisades. Plusieurs échelles sont considérées. Tout d’abord celle de la frontière extérieure, marge d’une certaine épaisseur, espace du conflit mais aussi de compromis, caractérisé par des limites ambigües, une résistance à la fortification et une temporalité propre. Dans un second temps, on évoquera la fabrique des territoires et les mécanismes à l’œuvre lors de l’établissement d’un royaume féodal en Palestine, mécanismes qui tiennent compte à la fois d’enjeux très concrets, qu’il s’agisse de la répartition de la terre ou de la redéfinition des limites diocésaines, et de la force des représentations alors que le couronnement d’un roi à Jérusalem convoque l’avènement de la Terre Promise. Enfin, on s’intéressera aux modes de démarcations des terres villageoises, tels qu’ils apparaissent dans les documents latins et arabes ou grâce aux bornes découvertes en prospection.