Cette question qui peut paraître triviale, est en réalité issue d’une conférence-débat télévisée entre chercheurs et élus du Schéma de Cohérence Territoriale (SCOT) de l’agglomération bisontine, à Chemaudin-et-Vaux le 25-05-21(https://www.youtube.com/watch?v=ayhMunEz8j4). Cette conférence a permis de questionner les relations entre planification urbaine et écosystèmes naturels. Depuis l’accélération de l’étalement urbain dans les années 70, la croissance urbaine est en effet devenue un facteur important de disparition et de fragmentation des écosystèmes. Cette réalité est maintenant mieux comprise par les élus et praticiens de l’aménagement qui se retrouvent toutefois face à un dilemme entre croissance économique de leur territoire et maintien de la biodiversité. Une approche scientifique possible consiste à identifier les relations entre formes urbaines et connectivité écologique. Par exemple, en France, les études de Tannier et al. (2016) à Besançon, de Tarabon et al. (2020) à Toulouse et de Sahraoui et al. (2021) à Bordeaux proposent d’évaluer l’impact de scénarios d’urbanisation sur la connectivité écologique des espèces animales, pour guider ensuite la planification de l’urbanisation selon ces impacts. Toutefois, d’autres études montrent que le transfert de connaissances entre les sphères scientifiques et opérationnelles reste difficile dans ce domaine (Vimal et al., 2012, Gippoliti et Battisti, 2017). Dans ce travail, nous proposons une démarche inversée par rapport aux études précédentes. Nous choisissons en effet de partir des zones « à urbaniser » (AU) des Plans Locaux d’Urbanisme (PLU). Il s’agit de montrer comment il est possible de prioriser l’urbanisation dans des zones dédiées à cet effet, au regard de critères écologiques. La zone d’étude utilisée pour ce travail est située dans l’Ouest lyonnais (3600 km²). Ce territoire majoritairement rural et périurbain, proche de Lyon et Saint-Étienne, est de plus en plus attractif et soumis à d’importantes pressions foncières. La méthodologie se décline en 5 étapes : 1) Collecte de toutes les zones AU des PLU des 314 communes concernées 2) Lecture et interprétation des SCOTs de la zone d’étude afin d’évaluer le nombre de logements attendus par commune, et leur type (individuel ou collectif) à l’horizon 2030 3) Modélisation des bâtiments à construire selon ces critères à l’aide de l’outil Mobisim DevRes 4) Modélisation des réseaux écologiques de quatre espèces animales à l’aide de l’outil Graphab 5) Quantification des impacts écologiques potentiels du bâti simulé à l’aide de métriques paysagères. Ce scénario sert de référence. Il s’agit alors de savoir comment orienter la planification de l’urbanisation pour limiter les impacts écologiques. Nous évaluons l’impact écologique potentiel de chaque zone AU prise individuellement afin de les classer. En prenant la même quantité d’urbanisation que dans le scénario de référence, nous simulons de nouveau l’urbanisation dans les zones aux plus faibles impacts écologiques puis nous calculons de nouveau l’impact global des zones bâties. Les résultats montrent que le nombre de logements planifiés dans les SCOTs ne correspond pas toujours à la place disponible dans les zones AU des PLU. Les différentiels d’impacts entre chaque zone sont plutôt faibles, mais permettent tout de même de prioriser des zones à urbaniser en fonction de critères écologiques. La méthodologie mise en place peut ainsi permettre de guider les acteurs de l’aménagement dans leurs opérations d’urbanisme pour préserver au mieux la fonctionnalité des réseaux écologiques.