C'est dans la lignée des théories des savoirs incorporés et de l'accent mis sur le rôle des processus sensori-moteurs dans l'émergence de la connaissance, que Varela (1946-2001), neurobiologiste chilien, propose le paradigme de l'enaction reposant sur trois piliers : couplage participatif, émergence du sens, chemin d’apprentissage individuel. Le chercheur considère que l'environnement et le contexte de l'émergence du sens sont la condition de cette émergence, et (re-)place le corps et les émotions au cœur du processus d'acquisition, au même titre que l'esprit. C'est dans ce paradigme que nous avons inscrit nos recherches sur les environnements virtuels immersifs (EVI) pour examiner si ces dispositifs utilisés dans des contextes pédagogiques permettent aux apprenants de vivre des expériences incarnées et les effets sur la rétention du savoir. Nous questionnons aussi la place du corps et des émotions dans le développement cognitif de ces apprenants en langue et les degrés d’embodiment ressentis par les apprenants. Nous présenterons nos observations et analyses d'expérimentations menées dans les EVI avec des étudiants de didactique, à partir de l'utilisation d'applications tels Google 360, mission ISS, ImmerseMe, Travel VR, exploration des fonds marins, cours d’astrophysique et exploration des planètes de l’univers. Nous montrerons comment ces expérimentations articulent théorie et pratique pour faire émerger des questions phénoménologiques quant à la valeur pédagogique des EVI pour l'apprentissage des langues vivantes étrangères (Shapiro, 2014).