vérité » impliquée par la justice transitionnelle peut-elle passer par l'écriture de l'histoire ? Plusieurs éléments le suggèrent. D'une part, la « vérité » recherchée est parfois présentée comme « une vérité historique », par opposition à la vérité des tribunaux : il s'agit en effet de dépasser les cas particuliers pour « créer une histoire officielle du pays 1 ». Cette vérité historique, partagée par l'ensemble de la communauté, permet ainsi de sortir du cycle des vengeances, « d'offrir certaines réparations aux victimes sans être les vecteurs possibles de la résurgence d'un conflit 2 ». Même si elle relève d'une histoire immédiate, écrite à chaud et inévitablement « orientée 3 », elle contribue de manière importante au retour à la stabilité. D'autre part, si l'on s'intéresse aux institutions et aux personnes qui mènent à bien cette recherche de la vérité, l'écriture de l'histoire immédiate par des acteurs de la société civile peut apparaître comme une alternative à la mise en place de commission de type « vérité et réconciliation » : « à défaut de mécanismes d'établissement des faits décidés sur mandat officiel, ou d'archivage officiel, il est toujours possible à la société civile de procéder à une documentation systématique des violations massives des Droits de l'homme 4 ». Le troisième élément nous mène directement à l'an III : l'époque serait caractérisée par un rapport à l'histoire qui la distinguerait des périodes précédentes de la Révolution française. C'est l'idée qu'avance Bronislaw Baczko 5 et que reprennent chacun à sa manière Loris Chavanette et Ronen Steinberg en l'associant à la notion de justice transitionnelle. Jusqu'alors les révolutionnaires se seraient tournés vers l'avenir. Après le 9 Thermidor, ils se seraient spécialement interrogés sur la manière d'appréhender le passé 6 .