Les musées de la ville de Sens conservent une inscription latine relative à Caius César, petit-fils et héritier d'Auguste. Si le texte de l'inscription (CIL XIII 2942) est connu depuis le XIXe siècle et ne pose aucun problème de restitution, l'étude du support n'avait pas encore été véritablement réalisée. L'examen et l'essai de restitution de ce support, constitué de plusieurs assises de blocs en grand appareil, permet de formuler des hypothèses sur la nature du monument qui honorait Caius César à Sens. Il met en lumière une forme de loyalisme précoce d'une communauté civique provinciale à l'égard de Rome et du régime impérial, la dédicace destinée à Caius César révélant une cité déjà bien organisée à Sens au début de notre ère et en mesure d'investir à l'époque augustéenne dans la construction d'un monument public. C'est probablement dans un second temps qu'une inscription et une statue de Caius César et, sans doute, une autre pour son frère Lucius César furent ajoutées. La forme allongée de la base inscrite de Caius César évoque la possibilité d'un groupe statuaire équestre qui renverrait à l'idéologie augustéenne et à l'assimilation des deux fils adoptifs d'Auguste, qualifiés de princes de la Jeunesse, aux dieux cavaliers Dioscures, comme le montrent d'autres groupes statuaires ainsi que des monnaies. La base sénone est rapprochée d'autres hommages rendus pour l'essentiel au jeune prince au moment de son décès, en 4 ap. J.-C. L'article permet en outre d'écarter des interprétations non fondées comme le patronage que Caius César aurait accordé à Sens ou l'association de l'inscription avec la construction de l'aqueduc de cette cité. Le monument qui portait l'inscription a manifestement été démantelé durant l'Antiquité tardive et les blocs portant l'inscription semblent avoir été remployés dans une pile de pont franchissant l'Yonne.