Au moment de déclarer la guerre à ses ennemis, Rome prétendait respecter scrupuleusement le principe de la guerre juste, en vertu duquel il convenait de ne pas être l’agresseur. Cet élément de droit contraignait a priori les Romains à légitimer leurs entrées en guerre par les seules circonstances immédiates du conflit. Pourtant, les sources mentionnent plusieurs occasions où Rome a mobilisé l’histoire afin de légitimer une entreprise belliqueuse. De telles situations relèvent-elle de l’exception ou dévoilent-elles, au contraire, les ambiguïtés d’une realpolitik à la romaine ? Les usages romains de l’histoire dans les entrées en guerre prennent de multiples formes. Le rappel des guerres passées pouvait être utilisé comme argument dans les débats. Pour être efficace, il exigeait l’existence d’une mémoire vive portée par les témoins des conflits évoqués. Les Romains n’hésitaient cependant pas à s’appuyer également sur des effets rhétoriques. Ils avaient ainsi fréquemment recours aux exempla, anecdotes historiques à portée morale : de tels renvois à un passé idéalisé étaient à même d’apaiser les scrupules moraux au moment d’entrer en guerre.