Les assyriologues qui étudient les tablettes cunéiformes en argile découvertes sur les sites archéologiques du Proche- Orient se sont avant tout intéressés au contenu des textes qu’elles comportent. Depuis une vingtaine d’années, ils s’intéressent désormais à la tablette en tant qu’artefact, et donc à la matérialité du texte. L’utilisation de l’argile comme l’un des supports de l’écriture cunéiforme est partie intégrante d’une légende sur l’invention de l’écriture. Toutefois, celle-ci ne met pas en valeur les qualités plastiques de l’argile, un matériau parfaitement adapté à la forme des clous imprimés en négatif. Former une tablette en argile représentait l’une des toutes premières leçons de l’apprenti-scribe. Un bon scribe devait être capable de former une tablette dont la taille correspondait à la longueur du texte à écrire. La confection d’une enveloppe d’argile, destinée à protéger la tablette, garantir le caractère secret d’une lettre ou donner une valeur juridique à un contrat, nécessitait un savoir-faire particulier. L’expérimentation permet de mieux appréhender les différentes étapes du travail du scribe : la préparation de l’argile et la formation de la tablette, l’écriture, ou encore la confection d’une enveloppe d’argile