Fénelon vu par les écrivains antimodernes du XIX e siècle
Résumé
La présente communication s’intéresse à l’image de Fénelon chez trois antimodernes, de Maistre, Barbey d’Aurevilly et Léon Bloy, retenus en raison de la diversité chronologique (de l’aube au crépuscule du xixe siècle) et de la généalogie intellectuelle qui les unit. Si des divergences et des contradictions traversent les représentations qu’ils se forgent de Fénelon, tous reconnaissent à Fénelon un authentique talent et une pratique charitable. Ils luttent aussi contre des clichés répandus à son égard, en particulier l’image commune d’un homme tendre. Mais les trois antimodernes voient en Fénelon, à des degrés divers, un personnage équivoque. Une telle ambiguïté éclate dans le bestiaire saugrenu dont use Barbey, mêlant le cygne et le serpent sans dard ; elle pointe plus discrètement chez de Maistre qui le cite comme une autorité doctrinale sans pour autant se montrer tout à fait convaincu de son orthodoxie en tous points. Le Fénelon de Bloy est lui aussi équivoque : s’il favorise un affadissement du clergé, l’archevêque a un sens de la responsabilité paternelle qui fait défaut à certains évêques du xixe siècle. Ces équivoques expliquent les contradictions des antimodernes entre eux, notamment entre les louanges de De Maistre et les critiques parfois sévères de Barbey et Bloy pour qui Fénelon verse dans un christianisme lesté de ses formes vigoureuses en matière de dévotion et de pénitence, voire dans un certain scepticisme.
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