Au début des années 1970, l’écossais Hugh Piggott conçoit et auto-construire une petite éolienne pour répondre aux besoins en électrification d'une péninsule écossaise isolée. Les performances de sa machine et son faible coût, ainsi que sa production réalisable localement sont autant d'atouts qui permettent à l'éolienne Piggott (EP) d'être rapidement diffusée à travers le monde grâce au guide d'auto-construction rédigé par son inventeur. Les usagers se rencontrent, se forment, et s'organisent en réseau, à l'instar de Tripalium en France. Toutefois, le succès de cette technologie a de quoi interpeller : comment expliquer une telle diffusion malgré son apparente complexité ? A travers ce travail de recherche basé sur une douzaine d'entretiens semi-directifs, et deux observations participantes de stage d'auto-construction, nous tenterons de répondre à ce double questionnement : quels sont les liens entre complexité, complexification et appropriation de la technique ? Comment caractériser les pilotes d’éolienne Piggott, en France ? Nous proposonns dans un premier temps d'expliquer pourquoi nous considérons celle-ci comme une technologie appropriée, au niveau individuel et collectif, tout en relevant les marqueurs et mécanismes de cette appropriation. Enfin, dans un second temps, nous présenterons quatre idéaux-types pour décrire la communauté des usagers, et appréhender le spectre des réactions à la complexification du design de l'éolienne Piggott. Au terme de cette analyse, nous considérons que l'EP est un outil convivial au sens d'Illich (Illich, 1973). La communauté d'usager regroupe des profils aux représentations et pratiques diverses voire antagonistes, mais qui se retrouvent dans leur volonté d'incarner une alternative au macro-système technique (Gras, 1997). Considérant l'EP à la fois comme objet fini et comme processus, nous pouvons l'envisager comme outil médiateur, révélateur des relations de l'usager à l'environnement, à la technique, ou encore à la perception de l'énergie.