Etre abonné.e au service d'eau potable et boire les eaux de source de Martinique : quels critères pour définir une eau de qualité? - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2024

Etre abonné.e au service d'eau potable et boire les eaux de source de Martinique : quels critères pour définir une eau de qualité?

Résumé

La fourniture en eau des populations via le système de réseaux d’eau potable s’est généralisée sur le territoire de la Martinique comme ailleurs durant le siècle dernier. Ce modèle infrastructurel pour l’eau potable répond à des enjeux importants de santé publique et de prévention contre la propagation de maladies liées à la consommation d’eaux impropres ou contaminées. En Martinique, comme en Guadeloupe, la découverte de chlordécone dans les eaux à partir de 1999 entraîne la fermeture de certains captages AEP ainsi qu’une modernisation des processus de traitement de l’eau potable en vue. Malgré une large couverture du réseau centralisé d’eau potable aujourd’hui en Martinique, les abonné∙es du service public d’eau potable ne consomment pas uniquement l’eau du robinet. D’autres eaux domestiques font l’objet de modes d’appropriation pour des usages de consommation humaine (boisson, tisanes, cuisson) révélant une certaine méfiance à l’égard de la qualité de l’eau distribuée sur le réseau conventionnel. La présente intervention s’intéresse à la pratique du prélèvement d’eaux de source, destinées principalement à la consommation. Ces sources sont généralement situées à proximité d’axes de circulation, en terrain public ou privé, accessibles à toutes et tous. A la différence de l’achat d’eaux en bouteille, aussi motivé par un scepticisme à l’égard de la qualité de l’eau potable, elles mobilisent des eaux spécifiques, héritées et non-marchandes, participant à une culture commune de l’eau. A ces eaux de source sont généralement associées des propriétés multiples, gustatives, de soin, voire magico-religieuses, interrogeant les critères et la définition d’une « bonne eau » véhiculée par le paradigme de l’eau potable. Ni la généralisation des réseaux d’eau potable, ni celle de la contamination des eaux et des sols de la Martinique par le chlordécone semblent altérer la représentation positive de la qualité de ces eaux de source pour ses consommateur∙rices. Alors, quels sont les critères d’une « bonne eau » pour celles et ceux qui boivent des eaux de source ? Qu’est-ce que ces représentations génèrent en termes de pratiques de l’eau ? Dans quelle mesure leurs critères de qualité interrogent la norme de potabilité, fondée sur des critères de scientificité ? Enfin, quels types de rationalités sont-elles légitimées ou non par les qualificatifs « potable » ou « non-potable » ? La persistance de pratiques quotidiennes hors réseau, souvent qualifiées d’« alternatives » ou d’« informelles », nuance le discours dominant d’un idéal infrastructurel à atteindre (Kooy 2014) grâce à l’identification de communautés de l’eau toujours actives, matérialisant leurs rapports à certaines eaux par des pratiques héritées. Les pratiques quotidiennes de l’eau domestique nécessitent d’être prises en compte pour identifier, d’une part, des sources méconnues d’exposition de la population en termes de pollution et, d’autres part, les facteurs de méfiance/confiance envers certaines eaux.

Domaines

Géographie
Fichier non déposé

Dates et versions

halshs-04639540 , version 1 (09-07-2024)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-04639540 , version 1

Citer

Oméya Desmazes. Etre abonné.e au service d'eau potable et boire les eaux de source de Martinique : quels critères pour définir une eau de qualité?. Colloque. Les défis ultramarins de l'eau douce au prisme des sciences sociales, Laboratoire PHEEAC, Université des Antilles; Office De l'Eau Martinique, Mar 2024, Schoelcher (972), Martinique. ⟨halshs-04639540⟩
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