La fin de la rédaction de mon ouvrage "Des élus sur le divan" a été réalisée en parallèle avec une mission de recherche CNRS de six mois en immersion à Tokyo (une enquête, par entretiens, sur la place des émotions dans l’engagement en politique des élus locaux japonais). J’avais dans mes bagages les films d'Ozu et quelques livres de chevet (Roland Barthes, Nicolas Bouvier, Akira Mizubayashi…). Ces derniers ont pour point commun de questionner sur un mode sensible, esthétique et philosophique les ambiances affectives qui permettent aux Japonais de donner du sens à leur vie, au quotidien. En cherchant à comprendre comment le groupe imprime le tempo de la vie en collectivité, ils posent comme diagnostic convergent que c’est d’abord dans la délicatesse avec laquelle chaque individu manipule et interprète les signes que l’harmonie d’ensemble se dessine, s’impose ou se fissure. Ce chapitre propose de prendre le cas du Japon comme un contrepoint rigoureux, au sens de l’écriture musicale baroque, pour tirer quelques enseignements, les témoignages des élus japonais permettant de mettre à l’épreuve les résultats présentés dans les trois premiers chapitres.