Les troubles musculo-squelettiques liés au travail (TMS) regroupent un ensemble d’affections douloureuses touchant les tissus mous péri articulaires (muscles, tendons, nerfs, etc.) secondaires à leur hypersollicitation d’origine professionnelle. Cli-niquement, ils se traduisent principalement par des douleurs ou des symptômes spécifiques des tissus concernés (par exemple des fourmillements des doigts) et une gêne fonctionnelle pour réaliser les activités professionnelles ou quotidiennes (Hagberg et al, 1995). Les TMS sont aujourd’hui la première cause de maladie professionnelle en Europe et en France (Source Eurostat) et une source d’inégalités sociales de santé puisqu’ils affectent principalement les ouvriers et les employés peu qualifiés. Bien que souvent transitoires, ils évoluent de manière chronique dans 5 à 10 % des cas. Ils vont poser des problèmes croissants dans les années à venir du fait de l’effet conjugué du vieillissement de la population active, de l’allongement des carrières et de l’intensification du travail. Les TMS d’origine professionnelle et l’ergonomie entretiennent des rapports étroits depuis l’émergence de cette dernière en France dans les années 1950. L’ampleur qu’ont prise les TMS dans la population salariée française, lors de l’après-guerre et de l’industrialisation massive qui l’a accompagné, a constitué l’une des causes majeures défendue par les syndicats (Laville, 2004 ; Hatzfeld, 2008). L’émergence de l’ergonomie en France, qui doit beaucoup à la demande syndicale, s’est donc produite dans un contexte où la question de la prévention des TMS lui a été adressée immédiatement, comme l’illustrent certaines études ergonomiques princeps (Teiger, 2007)