Quelle est la destination initiale des De Aetatibus Mundi Imagines, chronique du monde en images commencée à Évora en août 1545 par Francisco de Holanda (1517-1584)? Il est en tous cas certain que la commande émana de la famille royale portugaise, D. João III, la reine D. Catarina et l’infant D. Luís, les grands protecteurs de l’artiste. Ce livre d’images, passé dans les années 1580 en Espagne, finit entre les mains du précepteur du futur Philippe III, le marquis de Velada, don Gómez Dávila y Toledo (c. 1540-1616) qui s’en servit probablement dans le cadre de l’éducation du prince. Il figure en effet dans l’inventaire de la bibliothèque du palais de Velada vers 1596, selon les recherches de Santiago Martínez Hernández (1999 et 2004). Il reste à préciser comment le livre des De Aetatibus Mundi Imagines passa du Portugal en Espagne. Le livre De Aetatibus Mundi Imagines de Francisco de Holanda dut être très regardé par les peintres travaillant à la décoration du monastère de San Lorenzo de El Escorial, en particulier par Pellegrino Tibaldi occupé entre entre 1586 et 1593 aux fresques de la Vie de la Vierge et de la Vie du Christ dans le Claustro grande, grande entreprise artistique menée par Philippe II à son retour du Portugal. À côté de la riche collection d’estampes réunie par Arias Montano pour la Bibliothèque de l’Escorial, le livre des De Aetatibus Mundi Imagines a pu servir de livre de modèles et dut être une source iconographique précieuse pour les artistes de l’Escorial. Après Tibaldi, Vicente Carducho pourrait bien avoir eu, lui aussi, connaissance du livre des De Aetatibus Mundi Imagines, adoptant à son tour le thème de las edades del mundo depuis la Création du Monde pour son projet de décoration peinte de la galerie sud de l'Alcazar de Madrid.