L’épisode du celticisme dans Bouvard et Pécuchet : une réinterprétation normande des relations entre la Bretagne et l’Orient
Résumé
La Bretagne et l’Orient ont contribué à consacrer la naissance de Flaubert à l’écriture : ce sont les deux premiers espaces qu’il a parcourus, sans chaperon, entièrement libre, expérimentant avec son ami Du Camp différentes approches de la littérature viatique . Cet apprentissage en deux volets s’est révélé fondateur pour le futur romancier. Sans négliger ce qu’une interrogation sur les rapports qu’entretiennent la Bretagne et l’Orient peut donc recéler d’échos autobiographiques pour cet écrivain, on a choisi ici de faire un pas de côté en les analysant au sein de la fiction et, singulièrement, dans l’œuvre la plus éloignée chronologiquement des deux voyages initiaux et initiatiques, à savoir dans le roman posthume et inachevé Bouvard et Pécuchet, qui représentait, pour l’écrivain lui-même, une sorte de « testament » .
Dans cette « espèce d’encyclopédie critique en farce » , la Bretagne partage certes avec l’Orient un certain exotisme ; mais son étrangeté est moins souvent synonyme d’attrait que de rejet. Il n’y a qu’au moment où Bouvard et Pécuchet s’intéressent au celticisme que la région française la plus occidentale bénéficie temporairement de l’aura orientale. Encore celle-ci se trouve-t-elle déplacée puisque les deux personnages expérimentent un celticisme de proximité, un celticisme à portée de Chavignolles, c’est-à-dire un celticisme expressément normand. Néanmoins, à la fin de l’épisode, c’est bien d’Orient qu’arrivera, non sans mal, l’ultime et irrévocable désaveu de l’archéologie celtique.
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