Images in Jean Racine's classical tragedies
Les images dans les tragédies classiques de Jean Racine
Résumé
From 1664 to 1691, playwright Jean Racine (1639-1699) staged twelve plays - eleven tragedies and one comedy - in the context of Classicism, featuring characters from mythology, ancient history and the Bible. What in these theatrical writings can be associated with images? In what way does the playwright participate in a visual art through the voice of his characters, and with what intention? It's not a question of portraying heroes: sketching their physical contours seems trivial and far removed from their nobility. What's more, insofar as actors take on the roles, embody the characters, this type of portraiture is pointless. Racin's tragedies, which place passions at the heart of the plot, are part of a reflection on the way they are imprinted on the body. In the 17th century, philosophers, doctors and painters focused on the visible signs and bodily manifestations of inner turmoil. Unveiling is the means of figuring, of showing, of creating images that go hand in hand with words. Racine deploys what his art allows, while appropriating the essence of the visual arts to create animated, expressive compositions. Finally, passions are also at the heart of the narratives, which, while they replace the theatrical stage, are vibrant pieces of bravura and eminently tragic moments. These are visual representations born of the voice, shaped by movement and color, delimited by the temporality of the action narrated and that of the story's implementation, and finally arranged and displayed to strike the mind and the eye.
Le dramaturge Jean Racine (1639-1699) fit représenter douze pièces de théâtre, soit onze tragédies et une comédie de 1664 à 1691 qui s’inscrivent dans le contexte du Classicisme et mettent en scène des personnages rattachés à la mythologie, à l’histoire antique ou biblique. Qu’est-ce qui dans ces écrits théâtraux peut être associé à des images ? De quelle manière le dramaturge participe-t-il d’un art visuel par la voix de ses personnages et avec quelle intention ? Il ne s’agit pas en effet de portraiturer les héros : esquisser les contours physiques apparaît trivial et éloigné de leur noblesse. En outre, dans la mesure où les comédiens endossent les rôles, incarnent les personnages, ce type de portrait est vain. Les tragédies raciniennes, qui placent les passions au cœur de l’intrigue s’inscrivent dans une réflexion sur la façon dont elles s’impriment sur le corps. Au XVIIe siècle, philosophes, médecins, peintres s’attachent aux signes visibles, aux manifestations corporelles des troubles intérieurs. Le dévoilement est alors le moyen de figurer, de donner à voir, de créer des images qui s’associent aux mots. Racine déploie ce que son art lui permet tout en s’appropriant ce qui fait l’essence des arts visuels pour créer des compositions animées et expressives. Enfin, les passions sont également au cœur des récits qui, s’ils se substituent à la scène théâtrale, constituent de vibrants morceaux de bravoure comme autant d’instants éminemment tragiques. Ce sont des représentations visuelles nées de la voix, façonnées par le mouvement et la couleur, délimitées par la temporalité de l’action narrée et celle de la mise en œuvre du récit et enfin disposées, exposées pour frapper les esprits et les yeux.