Par ce dialogue sur un sujet très polémique, deux amis, que l’on pourrait apparemment classer dans des camps adverses, cherchent à mieux comprendre leurs convergences et divergences, à dépasser le manichéisme et à déplacer les perspectives. L’échange porte sur des questions de méthode : prendre acte de la diversité des « Lumières » et de l’émergence récente de cette appellation ; s’interroger sur les processus qui nous font aller et venir du présent au passé, et vice versa ; questionner la légitimité et l’efficacité d’importations ou projections d’idées qui nous font interpréter les textes d’un espace culturel depuis un autre lieu. Le dialogue porte aussi sur des mots-clés au cœur d’une nouvelle forme de critique des Lumières : « Déboulonner et canoniser » ; « Minorités, nation, communautés, universalisme », « Religion », « Colonialisme(s) ». Il s’agit de repérer les effets pervers de telle ou telle position, et de confronter des diagnostics sur les priorités quant aux dangers présents, inquiétudes qui peuvent mener à « déboulonner » ou à « récupérer » certains éléments des « Lumières ». Un épilogue prône la réflexivité et l’indisciplinarité, le méliorisme plutôt qu’une croyance aveugle dans « le Progrès », et le dialogue ou des dispositifs multi-perspectivistes pour éviter les polarisations, le tout en complicité avec Diderot.